L'aquarelle, ou le bord du gouffre

Ce que j'affectionne particulièrement dans l'aquarelle, outre le fait qu'elle me permet de tracer presque instantanément sur la surface, c'est qu'elle me pousse au bord du gouffre. 

Aussi bien l'acrylique que l'huile permettent des repentirs, des retouches, voire des recouvrement quasi infinis, à ceci près qu'à mesure que la couche de peinture s'épaissit, on perd de vue la lumière provenant du support. Mais on peut travailler, retravailler, re-retravailler jusqu'à satisfaction. 

L'aquarelle, elle, ne permet rien de tout ça: elle est d'une exigence folle. Une fois que la couleur est posée, il faut faire avec, et c'est exactement ce que j'apprécie.

Au début d'une peinture, la liberté est totale. On peut galoper dans un champ vierge, à sa guise, dans la joie et l'insouciance.
Puis, au fur et à mesure que les traces sont déposées, la marge de manœuvre se réduit, de plus en plus, jusqu'à ce que chaque touche représente un risque maximum: celui de tout détruire...

C'est ce risque qui me plaît et m'aiguillonne. Je me sens alors comme une équilibriste, avançant à pas extrêmement mesurés pour garder l'équilibre. Car c'est bien de cela qu'il s'agit: de l'équilibre final de la peinture, du moins à mes yeux. 


Aquarelle sur papier © Annik Reymond 2019
Aquarelle sur papier 2019


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